La responsabilité de l’entreprise a été reconnue par la cour d’appel de Nancy. Mais Michelin ne devra verser aucun dommage et intérêt à la victime, un de ses salariés de l’usine de Golbey.
La cour d’appel de Nancy a reconnu mardi la “faute inexcusable” de Michelin, dont un salarié de l’usine vosgienne de Golbey a été contaminé par l’amiante, confirmant en cela le jugement du tribunal des affaires de sécurité sociale d’Epinal en juin 2004. Michelin a été condamné à verser 1000 euros pour frais de procédure. La société ne devra toutefois verser aucun dommage et intérêt à la victime, Jean-Paul Salzard, 55 ans, invalide à 30% pour cause d’amiante.
“L’entreprise s’est arrangée à l’amiable avec la CPAM. Celle-ci a certainement fait une erreur de procédure durant la reconnaissance de la maladie. Les avocats se sont engouffrés dans la brèche. La CPAM paiera les soins de M. Salzard”, a expliqué Bruno Houillon, délégué syndical Sud-Michelin à Golbey.
“Mon directeur m’a dit que ce n’était pas de l’amiante, mais du carton”
Jean-Paul Salzard, qui a travaillé 32 ans à Golbey, comme électricien puis technicien de maintenance, s’est déclaré “heureux que Michelin soit condamné”. “Je suis bien content d’avoir fait condamner des gens irresponsables”, a-t-il expliqué. “Ils savaient, mais ont fait preuve d’un laxisme incroyable. Quand je suis allé voir mon directeur en 2000, il m’a dit que ce n’était pas de l’amiante, mais du carton”, a-t-il rappelé.
Quatre personnes, dont une est décédée, ont été reconnues par la sécurité sociale malades de l’amiante à Golbey : “deux agents de maintenance, un agent de maîtrise et un agent de fabrication”, a énuméré Bruno Houillon. “Tout le personnel est concerné. (…) Même s’il n’y en a pas dans les pneus, l’amiante était présente dans tout le processus de fabrication. Maintenant, on fait passer des visites médicales à tous les salariés travaillant sur le site depuis 1963”, a poursuivi le délégué Sud-Michelin, qui rappelle que le désamiantage a commencé à Golbey en 2000 à la suite de “pressions” syndicales.
Une vingtaine de procédures ont été lancées devant le TASS de Clermont-Ferrand par d’anciens salariés de Michelin qui ont été exposés à l’amiante, dont dix sont décédés. Cette juridiction a mis son jugement en délibéré au 16 novembre en ce qui concerne une procédure intentée par quatre victimes – ou leur familles -, dont trois sont décédées en 2002 et 2003 d’un mésothéliome (dit “cancer de l’amiante”). La quatrième est atteinte de plaques pleurales.
Source: TF1 News